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on nous écrit de la « véga ».

le cap Tchéliouskine au Nord-Est, point extrême du vieux continent qu’aucun navire n’avait encore franchi. Le 7 septembre, elle mouillait à l’embouchure de la Lena et se séparait du troisième de ses bateaux à charbon. Et, dès le 16 octobre, une dépêche télégraphique, déposée à Irkoutsk par ce bateau même, annonçait au monde le succès de la première partie de l’expédition.

On peut juger de l’impatience avec laquelle les nombreux amis du navigateur suédois attendaient les détails de ce voyage. Ces détails n’arrivèrent que dans les premiers jours de décembre. Car, si l’électricité franchit les distances avec la rapidité de la pensée, il n’en est pas de même de la poste sibérienne. Les lettres de la Véga, déposées à Irkoutsk en même temps que la dépêche, mirent plus de six semaines à parvenir à Stockholm. Mais enfin elles y arrivèrent, et, dès le 5 décembre, un des grands journaux suédois publiait, sur la première partie du voyage, une correspondance due à la plume du jeune docteur en médecine attaché à l’expédition.

Ce même jour, en déjeunant, M. l’avocat Bredejord était occupé à parcourir avec un vif intérêt les détails donnés dans ces quatre colonnes, quand ses yeux tombèrent sur un paragraphe qui lui fit faire un soubresaut. Il le relut avec attention, le relut encore ; puis, se levant brusquement, il sauta sur sa pelisse, sur son chapeau, et ne fit qu’un bond chez le docteur Schwaryencrona.