ils arrivèrent au quai où était amarré l’Albatros.
Ils furent reçus par un vieux loup de mer à la face rubiconde et aux favoris gris, dont la physionomie respirait la franchise et la loyauté.
« Monsieur Ward, voici un gentleman qui désire être renseigné sur le sort de Patrick O’Donoghan, dit Tudor Brown en l’abordant.
— Patrick O’Donoghan !… répondit le vieux marin. Dieu ait son âme !… Il nous a donné assez de mal pour le repêcher, le jour où il s’est noyé par le travers de l’île de Madère ! Et à quoi bon, je le demande, puisqu’il a fallu le rendre aux poissons !
— Vous le connaissiez depuis longtemps ? demanda le docteur.
— Ce requin-là ?… Ma foi, non ! Depuis un an ou deux peut-être ! Je crois bien que c’est à Zanzibar que nous l’avions embauché ! Pas vrai, Tommy Duff ?
— Qui me hèle ? demanda un jeune matelot, fort occupé à polir une boule de cuivre à la rampe de l’escalier.
— Ici ! répondit l’autre. C’est bien à Zanzibar, n’est-ce pas, que nous avions recruté Patrick O’Donoghan ?
— Patrick O’Donoghan ? dit le matelot, comme si ses souvenirs n’étaient pas d’abord très précis. Ah ! oui, je me rappelle !… Ce gabier qui s’est laissé périr en tombant à l’eau par le travers de Madère ! Oui, monsieur Ward, c’est bien de Zanzibar qu’il venait ! »