Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/154

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

146
l’épave du cynthia.

signalement, je sais quels sont les ports qu’il doit fréquenter de préférence, et je me propose de l’y faire rechercher par des agents spéciaux. »

Le docteur Schwaryencrona ne disait pas ces choses à la légère. Il les énonçait avec l’intention formelle de voir quel effet elles produiraient sur l’homme qu’il avait devant lui. Aussi remarqua-t-il fort bien, en dépit du flegme affiché par l’étranger, un battement de paupières et une légère contraction de la commissure des lèvres sur la face glabre de Tudor Brown. Mais, presque aussitôt, celui-ci se redressa.

« Eh bien, docteur, dit-il, si vous n’avez pas d’autre moyen d’être renseigné que de retrouver O’Donoghan, vous ne le serez jamais !… Patrick O’Donoghan est mort. »

Si douloureusement surpris que fût le docteur par cette nouvelle, il ne sourcilla pas et se contenta d’observer son visiteur qui continua ainsi :

« Mort et enterré, ou pour mieux dire, mort et noyé par trois cents brasses de fond. Le hasard a voulu que cet homme, dont le passé me semble mystérieux et que j’avais remarqué pour cette raison, fût, il y a trois ans, employé en qualité de gabier à bord de mon yacht, l’Albatros. Il faut vous dire que mon yacht est un navire sérieux, à bord duquel je fais des croisières de sept à huit mois. Or, il y a trois ans environ, comme nous passions par le travers de Madère, le gabier Patrick O’Donoghan tomba à la mer. J’avais fait stopper,