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l’épave du cynthia.

grand plaisir, tu me permettras de m’asseoir ici, près de toi, et tu reprendras ta leçon…

— Volontiers, répondit M. Malarius ; mais, à vrai dire, je n’aurai plus guère le cœur à la géométrie, et, après avoir parlé congé à ces gamins, je me fais un peu scrupule de rétracter le mot !… Il y aurait un moyen de tout concilier. C’est que le docteur Schwaryencrona daignât faire à mes élèves l’honneur de les interroger sur leurs études, et puis, qu’il leur donnât la volée pour aujourd’hui !…

— Excellente idée !… C’est entendu !… Me voici passé inspecteur ! »

Puis, s’adressant à toute la classe :

« Voyons, quel est le meilleur élève ? demanda le docteur en s’installant dans le fauteuil du maître.

— Erik Hersebom ! répondirent sans hésiter une cinquantaine de voix fraîches.

— Ah ! c’est Erik Hersebom ?… Eh bien, Erik Hersebom, voulez-vous venir ici ? »

Un jeune garçon d’une douzaine d’années quitta le premier banc et se rapprocha de la chaire. C’était un enfant sérieux et grave, dont la physionomie pensive et les grands yeux profonds, qui auraient été remarqués partout, paraissaient surtout remarquables au milieu des têtes blondes qui l’entouraient. Tandis que ses camarades des deux sexes avaient tous des cheveux couleur de lin, des teints roses, des yeux verts ou bleus, ses cheveux à lui étaient châtain foncé, comme son regard, et sa peau brune. Il n’avait pas les pommettes saillantes,