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cinq cents livres sterling de récompense.

à y prendre place avec son mari, elle se prêta de la meilleure grâce du monde à l’interrogatoire de l’éminent avocat. On récolta ainsi un certain nombre de faits qui avaient leur importance.

D’abord, Patrick O’Donoghan avait dit en propres termes, au moment du procès intenté par la compagnie d’assurances, qu’il s’en allait « pour ne pas être assigné comme témoin ». Preuve évidente qu’il ne se souciait pas de s’expliquer sur les circonstances du naufrage, comme tout l’ensemble de sa conduite l’établissait d’ailleurs.

D’autre part, c’était bien à New York ou aux environs que se trouvait la source des revenus suspects qu’il semblait se faire avec un secret. Car, en arrivant, il était toujours sans argent, et, un beau soir, après avoir passé l’après-midi dehors, il rentrait avec de l’or plein ses poches.

On ne pouvait douter que ce secret ne se rapportât à « l’enfant sur la bouée », puisqu’il l’avait dit à diverses reprises.

Patrick O’Donoghan avait dû tenter de tirer un pari définitif de ce secret, et la tentative même avait dû amener une crise. En effet, la veille même de son départ soudain, il affirmait qu’il était fatigué de naviguer ; il ne comptait plus reprendre la mer et voulait désormais vivre à New York en rentier.

Enfin, l’individu qui était venu voir Patrick O’Donoghan avait un intérêt à le faire partir, car, dès le lendemain, il était venu demander l’Irlan-