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l’épave du cynthia.

assez souvent causé sans y rien comprendre ! »

Erik, pâle et les dents serrées, buvait ces paroles, espérant un éclaircissement. Mais l’éclaircissement se faisait attendre. Mr. Bowles n’avait pas le don de l’éloquence, ni celui de la clarté. Peut-être aussi ses idées étaient-elles encore un peu troublées par le sommeil. Avant de se retrouver dans son assiette, après avoir dormi, il lui fallait généralement deux ou trois verres d’une liqueur décorée du nom de « Pick me up », qui ressemblait furieusement à du gin.

Ce fut seulement quand sa femme eut placé la bouteille devant lui avec deux verres que le digne homme se décida à parler.

Il s’engagea alors dans une narration fort confuse, sur laquelle quelques faits seulement surnageaient au milieu d’une infinité de détails inutiles. Cette narration ne dura pas moins de deux heures. Il fallut toute l’attention et l’ardent intérêt qu’y apportait le pauvre Erik pour en tirer quelque chose. À force de questions et d’insistance, et grâce au concours de mistress Bowles, il finit pourtant par y arriver.