Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/13

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

7
l’ami de m. malarius.

— Quoi !… Ai-je donc tant changé depuis que nous courions ensemble sur la neige et que nous fumions de si longues pipes à Christiana ?… As-tu oublié la pension Krauss, et faut-il vraiment que je te nomme ton camarade et ton ami ?

— Schwaryencrona !… s’écria M. Malarius. Est-il possible ? Est-ce bien toi ?… Est-ce vous, monsieur le docteur ?

— Oh ! je t’en prie, trêve aux cérémonies !… Ne suis-je pas ton vieux Roff, comme tu seras toujours mon brave Olaf — le meilleur, le plus cher ami de ma jeunesse ? Oui ! je sais bien !… Le temps passe, et nous avons un peu changé tous les deux, en trente ans !… Mais le cœur est resté jeune, n’est-ce pas ? et il y a toujours un petit coin pour ceux qu’on a appris à aimer, quand on mangeait côte à côte le pain sec de la vingtième année ? »

Et le docteur riait, et il serrait les deux mains de M. Malarius, qui, de son côté, avait les yeux tout humides de larmes.

« Mon cher ami, mon bon, mon excellent docteur ! disait-il. Nous n’allons pas rester ici. Je vais donner congé à tous ces malandrins, qui n’en seront pas fâchés, assurément, et nous passerons chez moi…

— Point du tout, déclara le docteur en se retournant vers les élèves, qui suivaient avec un vif intérêt les détails de cette scène. Je ne dois ni te déranger dans tes travaux ni troubler les études de cette belle jeunesse !… Si tu veux me faire un