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l’épave du cynthia.

pourquoi son activité, à lui, ne parviendrait-elle pas à l’accomplir ? N’y apporterait-il pas une ardeur, une volonté de réussir, que rien ne pourrait remplacer ?

Cette idée qui l’obsédait exerça insensiblement sur ses travaux une action des plus marquées, et leur donna presque à son insu une direction toute spéciale. Comme si c’était chose arrêtée d’avance qu’il devait voyager, il commença d’étudier à fond la cosmographie, la géographie, l’art nautique, tout le programme des écoles de marine.

« Un jour ou l’autre, se disait-il, je passerai l’examen de capitaine au long cours, et je pourrai alors m’en aller à New York, à mes propres frais, reprendre l’enquête relative au Cynthia ! »

Par une pente naturelle, ses causeries reflétaient ce projet d’investigation personnelle et le laissaient éclater avec candeur.

Le docteur Schwaryencrona, M. Bredejord et le professeur Hochstedt finirent par s’en imprégner au point de l’adopter pour eux-mêmes ; car la question de l’origine d’Erik, qui n’avait d’abord été à leurs yeux qu’un problème intéressant, les passionnait de plus en plus. Ils voyaient à quel point Erik l’avait à cœur, et, comme ils l’aimaient sincèrement, comme ils sentaient l’importance qu’elle avait pour lui, ils étaient disposés à tout faire pour jeter une lueur sur ce mystère.

C’est ainsi qu’un beau soir naquit chez eux l’idée de partir tous ensemble pour New York en ex-