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patrick o’donoghan.

Mais, quand le savant lui répétait qu’à son sens il était sûrement irlandais, Erik éprouvait un serrement de cœur. Quoi ! de tous les peuples celtes, fallait-il justement lui choisir le plus opprimé ?… Si seulement il en avait eu la preuve absolue, certes il aurait aimé cette patrie malheureuse à l’égal des plus grandes et des plus illustres ! Mais cette preuve manquait ! Pourquoi ne pas croire plutôt qu’il était Français, par exemple ?… En France aussi il y avait des Celtes !… Voilà une patrie comme il en aurait voulu une, avec ses traditions grandioses, son histoire dramatique et les principes féconds qu’elle a semés dans le monde ! Oh ! Comme il se serait senti fier de lui appartenir ! Comme il aurait été pénétré d’une tendresse filiale en étudiant ses glorieuses annales, en lisant les livres des ses écrivains, en admirant les œuvres de ses artistes !… Mais hélas ! c’est précisément cet ordre d’émotions délicates qui lui était fermé à jamais !… Il le voyait bien, jamais ce problème de son origine ne serait résolu, puisque, après tant de recherches, il ne l’était pas encore !

Et pourtant, il semblait à Erik que, s’il pouvait remonter en personne à l’origine des renseignements déjà obtenus, suivre lui-même et sur les lieux les traces nouvelles qu’il serait possible de découvrir, peut-être arriverait-il à un résultat ? Ce que les soins d’agents à gages n’avaient pu faire,