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l’opinion de vanda.

jeté contre les récifs de l’îlot, où son bateau s’était brisé en mille pièces, aussitôt emportées par la tempête. Lui-même, il s’était jeté à la mer un instant avant le désastre pour échapper à cet épouvantable choc. Mais peu s’en était fallu qu’il ne fût brisé sur les roches, et c’est avec mille peines qu’il était arrivé à se traîner hors de la portée des lames. Épuisé de fatigue, un bras cassé, tout le corps couvert d’ecchymoses, il était resté sans forces et n’avait plus conscience de la manière dont il avait passé ces vingt heures d’attente, allant sans doute d’un accès de fièvre à un évanouissement.

Maintenant il se voyait hors d’affaire, mais ce fut pour commencer à se désoler sur la perte de son embarcation et sur son bras immobilisé entre deux éclisses. Qu’allait-il devenir, même en admettant qu’il pût encore se servir de ce bras après huit ou dix semaines de repos ? Le bateau était l’unique capital de la famille, et ce capital venait de disparaître sous un souffle de vent ! Travailler au compte des autres était bien dur à son âge ! Et trouverait-il seulement du travail ? C’était au moins douteux, car personne à Noroë n’occupait d’auxiliaires, et l’usine elle-même avait dû récemment réduire son personnel.

Telles étaient les amères réflexions de maaster Hersebom, tandis qu’il gisait sur son lit de douleur, et surtout quand, une fois remis sur pied, il lui fut possible de s’asseoir dans son grand fauteuil, le bras en écharpe.