plus désastreux qui aient jamais franchi l’Atlantique. Ces grands mouvements de l’atmosphère sont aujourd’hui le plus souvent annoncés et devancés par le télégraphe. La plupart des ports d’Europe, avertis par la dépêche, eurent heureusement le temps de signaler la tourmente aux navires en partance ou mal abrités au mouillage. Les désastres furent donc atténués dans une certaine mesure. Mais, sur les côtes peu fréquentées, dans les villages de pêcheurs et en mer, le nombre des naufrages échappa à toute évaluation. Le seul bureau Veritas, en France, et le Lloyd n’en enregistrèrent pas moins de sept cent trente.
La première pensée de toute la famille Hersebom, comme de milliers d’autres familles de pêcheurs, en ce jour néfaste, s’était naturellement portée vers celui qu’elle avait à la mer. Maaster Hersebom allait le plus souvent sur la côte occidentale d’une assez grande île, située à deux milles environ en dehors de l’entrée du fjord — celui-là même où il avait recueilli Erik enfant. On pouvait espérer, d’après l’heure de la tempête, qu’il avait eu le temps de se mettre personnellement à l’abri, fût-ce en échouant son bâteau sur la côte basse et sablonneuse. Mais l’inquiétude ne permit pas à Erik et à Otto d’attendre le soir pour vérifier si l’hypothèse était fondée.
À peine le fjord avait-il repris sa tranquillité habituelle, après le passage de l’ouragan, qu’ils décidèrent un de leurs voisins à leur prêter sa