travail, Erik le faisait non seulement en conscience, mais avec une sorte de passion. Il étonnait la placidité d’Otto par son application aux moindres détails du métier.
« Comme tu as dû souffrir à la ville ! lui disait naïvement le brave garçon. Tu ne parais te trouver dans ton élément qu’une fois sorti du fjord et arrivé en pleine mer ! »
Presque toujours, quand la causerie prenait ce chemin, Erik restait silencieux. D’autre fois, au contraire, il abordait lui-même le sujet, essayait de prouver à Otto, ou, pour mieux dire, de se prouver à lui-même qu’il n’y avait pas d’existence plus belle que la leur.
« C’est bien ainsi que je l’entends ! » disait l’autre avec son sourire calme.
Et le pauvre Erik se détournait pour étouffer un soupir.
La vérité, c’est qu’il souffrait cruellement d’avoir renoncé à ses études, de se voir condamné à un travail purement manuel. Quand ces pensées lui venaient, il se raidissait pour les écarter et se battait pour ainsi dire corps à corps avec elles. Mais, en dépit de tout, il se sentait envahi par l’amertume et les regrets. Pour rien au monde, il n’eût voulu laisser deviner ce découragement. Il le renfermait donc en dedans de lui-même et n’en souffrait que plus vivement. Une catastrophe qui se produisit au commencement du printemps, vint donner à ces ennuis un caractère encore plus aigu.