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La chimie de la biosphère est toute pénétrée par les phénomènes de la vie, par l’énergie cosmique absorbée par elle, et ne peut être comprise même dans ses traits les plus généraux sans que la place occupée par la matière vivante dans le mécanisme de la biosphère soit mise en lumière. Mais cette chimie ne se rattache que partiellement au monde végétal vert.

Le mécanisme en est insuffisamment connu ; cependant on peut indiquer certaines régularités, que nous devons considérer comme des généralisations empiriques.

Certes, nos idées actuelles sur ces phénomènes subiront de grands changements avec le progrès de la science, mais si imparfaites qu’elles soient, on les rencontre à chaque pas dans le tableau de la nature, et il est impossible de ne pas en tenir compte.

Nous ne signalerons que brièvement quelques-unes de celles qui paraissent les plus essentielles.

Le naturaliste éminent, K. E. de Baer, a depuis longtemps noté une particularité réglant toute l’histoire géochimique de la matière vivante dans la biosphère, la loi de l’économie, dans l’utilisation des corps chimiques simples une fois entrés dans sa composition. Baer a démontré ce fait pour le carbone, et plus tard pour l’azote ; il peut être étendu à l’histoire géochimique de tous les éléments chimiques.

L’économie dans l’utilisation par la matière vivante des éléments chimiques nécessaires à la vie, se manifeste de différentes façons. D’une part le fait s’observe dans les limites de l’organisme même. Quand un élément est entré dans l’organisme, il traverse une longue série d’états, entre dans divers composés, avant de quitter cet organisme et d’être perdu pour lui. En outre, l’organisme n’introduit dans son système que les quantités d’éléments nécessaires à sa vie, et évite le superflu. Il fait un choix, s’empare des uns, ne touche