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outre, des composés chimiques, par exemple l’oxygène libre. Les organismes créés par la multiplication vitale sont sans cesse reconstitués et meurent avant la fin de l’année. On l’a vu plus haut (§ 45) : des masses énormes d’éléments demeurent en migration au cours de l’année, masses qui dépassent nombre de fois le poids de l’écorce terrestre dont l’épaisseur est de 16 kilomètres, c’est-à-dire des quantités multiples de l’ordre de 1025 grammes.

Autant qu’on en peut juger, l’apport énergétique de la vie dans la biosphère, sous forme d’organismes verts, demeurés vivants à la fin de l’année, ne dépasse pas de beaucoup l’énergie que la matière vivante entière retient toujours dans son champ thermodynamique. Elle ne garde pas en elle, sous forme de composés combustibles, moins de 1 × 1018 grandes calories et ne dépense pas annuellement pour le travail de leur nouvelle création et de leur reconstruction moins de 2 pour 100 de l’énergie qui tombe sur la surface de la Terre et de l’Océan, soit moins de 1,5 × 1019 grandes calories. Si même l’étude ultérieure augmentait ce nombre, il est peu probable que l’ordre de ce dernier, 1019 calories, se modifierait.

La quantité de la matière vivante demeurant constante au cours de tous les temps géologiques, l’énergie qui se rattache à sa partie combustible, peut être considérée comme toujours inhérente à la vie. Dès lors n × 1019 grandes calories par an exprimera l’énergie transmise annuellement par la vie dans la biosphère sous forme d’organismes vivants.


62.Quelques remarques sur la matière vivante dans le mécanisme de la biosphère. — La matière vivante verte, malgré toute son importance, n’embrasse pas toutes les manifestations essentielles de la vie dans la biosphère.