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la ceinture d’un homme adulte et plus haut ; l’ensemble de la végétation vierge recouvrait, souvent de façon presque continue toute la surface de la terre, la protégeait de son ombre, contribuant ainsi à la conservation de l’humidité sur le sol même. Cela permettait aux lichens et aux mousses, demeurées vertes au cœur même de l’été, de pousser entre les touffes de feuilles et sous leur protection. »

Les anciens naturalistes décrivaient de même les savanes, jadis vierges, de l’Amérique méridionale. F. d’Azara (1781-1801) écrit que les plantes étaient « si touffues, que l’on n’apercevait la terre que dans les chemins, dans les ruisseaux ou dans quelque ravin creusé par les eaux ».

Ces steppes et ces savanes vierges imprégnées de matière verte se sont conservées par échappées. Les champs verts de l’homme civilisé les ont remplacées.

Sous nos latitudes, les herbes vertes poussent périodiquement ; leur vie est liée par un lien étroit à un phénomène astronomique, la rotation de la Terre autour du Soleil.


54. — On observe partout, dans tous les autres phénomènes de la vie végétale, le même tableau de saturation de la surface terrestre par la matière verte. Les broussailles forestières des régions tropicales et subtropicales, la taïga des latitudes septentrionales et tempérées, les savanes, les toundras ne sont, tant que la main de l’homme n’y a pas touché, que des formes variées du revêtement dont la matière verte, de façon permanente ou périodique, recouvre notre planète. L’homme seul transgresse l’ordre établi : on ne saurait néanmoins affirmer s’il amoindrit l’énergie géochimique ou distribue seulement d’une autre façon les transformateurs verts.

Partout et toujours, les associations végétales et les