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où il leur est possible, de toute la surface que l’homme leur avait enlevée.

Cette pression se manifeste dans l’ubiquité de la vie.

Il n’existe pas de régions qui en aient été toujours et complètement dénuées ; nous rencontrons des vestiges de vie sur les rochers les plus arides, les champs couverts de neige et de glace, les espaces sablonneux et pierreux. Des organismes végétaux y sont mécaniquement apportés, une vie microscopique y prend incessamment naissance, puis disparaît, des animaux mobiles y viennent en passant, y vivent et s’y installent. Parfois on observe même des condensations de vie, des régions richement animées ; mais ce n’est pas un monde vert de transformateurs. Des oiseaux, des bêtes, des insectes, des araignées, des bactéries, parfois des protistes verts, constituent le peuplement de ces régions qui paraissent inanimées, mais ne sont effectivement azoïques que par rapport au monde vert « immobile » des plantes. Il importe de placer de front avec ces régions celles de nos latitudes où la vie verte disparaît temporairement, les revêtements de neige, l’engourdissement hivernal de la photosynthèse.

Des phénomènes de cette espèce ont existé sur notre planète au cours de toutes les époques géologiques. Ils ont toujours été strictement limités. La vie a toujours tendu à s’en rendre maîtresse, à s’adapter à l’existence dans leurs conditions.

Chaque place vide dans la nature vivante, quelle qu’en soit la cause, se remplit nécessairement au cours du temps. Une flore et une faune souvent nouvelles, peuplent les bassins aquatiques ou les espaces terrestres azoïques et nouvellement formés. Dans les conditions nouvelles, des espèces et sous-espèces jadis inconnues, s’élaborent au cours des temps géologiques. Il est curieux et important de noter qu’on retrouve dans la structure de ces organismes d’une forme nouvelle, dans