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L’écorce des arbres, les pierres, le sol, se recouvrent partout de protocoques qui se développent rapidement. Les jours humides, ils transforment en quelques heures des cellules pesant quelques millionièmes de milligrammes en masses vivantes correspondant à des décigrammes ou des grammes. Ici, leur développement s’arrête, même dans les conditions les plus favorables des pays à climat humide. Ainsi, les troncs d’arbres (dans les plantations de platanes en Hollande), sont tous recouverts d’une couche continue de protocoques en équilibre stable, car leur développement ultérieur est arrêté par l’opacité de la matière sur laquelle ils habitent. Tout autre est le sort de leurs parents aqueux, qui se développent librement en milieu transparent d’un volume de centaines de mètres.

Les herbes et les arbres ont créé leur forme selon les principes de la mécanique énergétique ; ils se sont élevés en un milieu nouveau, transparent, accessible à la lumière solaire, la troposphère ; les unicellulaires n’ont pu les suivre dans cette voie. L’aspect même des herbes et des arbres, la variété infinie de leurs formes, accusent la même tendance à produire le travail maximum, à obtenir la quantité maxima de masse vivante.

Pour réaliser ce but, ils ont créé un nouveau milieu de la vie, le milieu aérien.


51. — Dans l’Océan et dans l’eau, les conditions sont tout à fait autres. Le rayon solaire pénètre à des centaines de mètres de profondeur ; par la supériorité de son énergie géochimique sur celle des herbes vertes et des arbres, l’algue unicellulaire verte peut créer dans un espace de temps identique une quantité incomparablement plus grande de masse vivante, que la matière verte de la Terre ferme.

L’énergie du rayon solaire y est utilisée en perfec-