Page:Vernadsky - La Biosphère, 1929.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est évident que si la vitesse de transmission de la vie restait constante, Δ, qui caractérise l’intensité de la multiplication (§ 32) devrait diminuer ; la multiplication des organismes dans le volume et l’espace donnés devraient s’effectuer avec une lenteur croissante à mesure que le nombre des individus nouvellement nés augmenterait et se rapprocherait du nombre stationnaire.


38. — Nous voyons que ce phénomène dans la nature ambiante a depuis longtemps été remarqué par les naturalistes anciens et nettement énoncé voilà 40 ans par K. Semper (1888), observateur exact de la nature vivante. Semper a noté que dans les conditions favorables à la vie, la multiplication des organismes diminuait dans les petits bassins, à mesure que le nombre des individus augmentait. Le nombre stationnaire n’y est pas atteint, ou à mesure qu’on en approche par le nombre des individus créés, le processus devient plus lent. Il existe quelque cause, peut-être non extérieure, qui règle le processus. Les expériences de R. Pearl et de ses collaborateurs sur la mouche Drosophila et sur les poules (1911-1922) confirment cette généralisation de Semper pour d’autres milieux.


39. — La vitesse de transmission de la vie peut donner une idée nette de l’énergie géochimique vitale de divers organismes. Elle oscille dans de larges limites et se trouve en rapport étroit avec les dimensions de l’organisme. Pour les plus petits organismes, les bactéries, elle est, nous l’avons vu, voisine de la vitesse du son dans l’air, soit 33 100 centimètres par seconde. Pour les gros mammifères, elle est égale à des fractions de centimètre : pour l’éléphant indien par exemple, v = 0,09 centimètre seconde.

Ce sont là des limites extrêmes. Elles comprennent