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vidus qui peuvent tenir sur une surface égale à 5,10065.1018 centimètres carrés. Ce nombre est fonction de la densité de population qui ne peut être dépassée.

Cette densité est très variable : pour les lentilles d’eau ou le protococcus unicellulaire, elle n’est déterminée que par leurs dimensions ; d’autres organismes demandent une bien plus grande surface (ou volume) pour leur vie. L’éléphant exige aux Indes jusqu’à 30 kilomètres carrés ; la brebis dans les pâturages des montagnes d’Écosse environ 105 mètres carrés ; une ruche d’abeilles moyenne, un minimum de 10-15 kilomètres carrés (soit un minimum de 200 mètres carrés, par abeille) de forêt à feuilles de l’Ukraine ; 3 000 à 15 000 individus de plancton se développent normalement dans un litre d’eau de mer ; 25 à 30 centimètres carrés suffisent aux graminées ordinaires, quelques mètres carrés, parfois des dizaines aux individus de notre forêt ordinaire.

Il est évident que la vitesse de transmission de la vie dépend de la densité possible des ensembles d’individus, qui peuvent se développer normalement, c’est-à-dire d’une densité normale de la matière vivante.

Nous ne nous arrêterons pas ici sur cette constante importante de la vie dans la biosphère[1], constante encore peu étudiée. Il est évident que la densité maxima d’une couche continue d’organismes (type de lentilles d’eau ou de protococcus) ou d’un centimètre cube complètement rempli de plus petites bactéries (§ 29) correspond au nombre maximum d’individus pouvant exister dans la biosphère.

On peut étendre cette déduction à tous les organismes, en admettant pour eux semblable densité

  1. Cf. W. Vernadsky, Bulletin de l’Académie des Sciences de l’Union des Rép. Sov. Soc., L, 1926, p. 727, 1927, p. 241 ; Revue générale des Sciences, p. 661, 700, 1926.