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truction des lentilles d’eau ou leur déplacement, les places vides se produisent sur la surface aqueuse. Ces places sont instantanément comblées par multiplication. Il est évident que le nombre des individus de lentilles d’eau, qui peuvent tenir sur la surface donnée, est déterminé et dépend de leur dimension et de leur condition d’existence. Ce nombre une fois atteint, le processus de multiplication s’arrête : il est entravé par des obstacles extérieurs insurmontables. Dans chaque étang s’établit un équilibre dynamique particulier, analogue à celui observé pendant l’évaporation de l’eau à sa surface. La tension de la vapeur d’eau et la pression de la vie sont mécaniquement analogues.

Un autre exemple universellement connu comme tableau de la nature, c’est la vie de l’algue verte, qui possède une énergie géochimique bien supérieure à celle de la lentille d’eau. Elle recouvre complètement, dans des conditions favorables, les troncs d’arbres sans aucune lacune (§ 50). Elle ne peut aller plus loin faute de place ; son processus de multiplication est arrêté dans son cours ; il recommence à fonctionner, dès que se présente la moindre possibilité de trouver des places libres pour loger de nouveaux individus du Protococcus. Le nombre des individus de cette algue qui peuvent tenir sur la surface d’un arbre est rigoureusement déterminé et ne peut être dépassé.


36. — On peut étendre intégralement ces considérations à toute la nature vivante et au domaine accessible à son peuplement, la surface de notre planète.

La manifestation maxima de la force de multiplication de la matière vivante, est déterminée par les dimensions de la planète, et par le nombre des indi-