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venant de la multiplication sous une autre forme que nous ne l’avons fait jusqu’ici.

Représentons-nous la période de l’histoire de la Terre dont l’existence, simple conjecture est admise sans preuve par les géologues ; période où l’océan recouvrait, non les trois quarts de la surface terrestre, mais la planète tout entière. E. Suess fait remonter cette « mer universelle », « panthalasse », à l’ère archéozoïque. Des bactéries la peuplaient alors indubitablement. Leurs restes visibles sont constatés dans les couches paléozoïques les plus anciennes. Le caractère des minéraux appartenant aux couches archéozoïques et surtout celui de leurs associations établissent avec semblable certitude l’existence des bactéries dans tout l’archéozoïque, dans les couches de la planète les plus anciennes, accessibles à l’investigation géologique. Si la température de cette mer universelle avait été favorable à leur vie et s’il n’avait pas existé d’obstacles à leur multiplication, la bactérie sphérique d’un volume de 10−12 centimètres cubes aurait formé une pellicule ininterrompue de 5,10065.108 kilomètres carrés en 1,47 fois 24 heures, soit en moins de 36 heures.

Des pellicules de bactéries formées par multiplication, de dimension moindre, mais occupant de grandes surfaces, sont continuellement observées dans la biosphère. Vers 1890, le professeur M. A. Égounoff s’est efforcé de prouver l’existence d’une pellicule mince, mais immense de bactéries sulfureuses, de surface égale à celle de la mer Noire 411 540 kilomètres carrés, à la limite de la surface de l’oxygène libre, et à la profondeur d’environ 200 mètres. Les recherches du professeur B. L. Issatchenko, de l’expédition de N. M. Knipovitch (1926), ne confirment pas ces indications. On observe le phénomène à une échelle moindre, mais sous une forme pourtant très nette, dans les équilibres dynamiques de la vie, par exemple