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sion ; il peut, en concentrant sa pensée, contempler sur notre planète le mouvement de l’énergie solaire, transformée en énergie chimique terrestre.

Il perçoit aussi ce mouvement dans les cas où il doit défendre contre une invasion étrangère les champs et les espaces vides, qu’il entend utiliser, lorsqu’il s’efforce de surmonter la pression de la vie.

Il voit ce mouvement lorsqu’il examine d’un regard attentif la nature ambiante, la lutte pour l’existence sourde, silencieuse, inexorable menée autour de lui par les plantes vertes. Il perçoit ce mouvement et a éprouvé la sensation réelle de l’ébranlement de la forêt sur la steppe, ou du mouvement ascendant de la masse de lichens de la toundra qui étouffe la forêt.


28. — Les arthropodes, les acariens, les araignées constituent la masse principale de la matière animale vivante de la Terre ferme. Dans les régions tropicales et subtropicales ce sont les orthoptères, fourmis, termites, qui jouent le rôle dominant. Leur multiplication se produit de façon particulière. Bien que l’énergie géochimique qui leur est propre (§ 37) appartienne à l’ordre de celle des plantes vertes supérieures, elle est pourtant quelque peu moindre.

Dans les états des termites, c’est un organisme unique entre des dizaines de milles, parfois des centaines de milles d’individus neutres, doué de la faculté de reproduction immédiate qui donne des descendants : nous voulons parler de la reine-mère. Elle pond des œufs toute sa vie de manière ininterrompue, parfois dix années de suite et davantage. Le nombre des œufs qu’elle peut pondre, des individus nouveaux qu’elle peut produire, s’élève à des billions. Elle en donne des centaines de milliers par an. On cite des cas où elle pond 60 œufs par minute, soit 86 400 en 24 heures,