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ment inévitable, déterminé par les nouveaux organismes provenant de la multiplication, qui occupent des places nouvelles dans la biosphère. Cette diffusion est, en premier lieu, la manifestation de l’énergie autonome de la vie dans la biosphère, énergie qui se fait connaître par le travail que la vie effectue, transportant les éléments chimiques et créant de nouveaux corps de ces éléments. Nous appellerons cette énergie — énergie géochimique de la vie dans la biosphère.


26. — Ce mouvement provenant de la multiplication des organismes vivants, exécuté avec une régularité mathématique inéluctable et surprenante, se produit dans la biosphère de manière ininterrompue et offre par ses résultats le trait le plus caractéristique et le plus essentiel du mécanisme de la biosphère. Il a lieu sur la Terre ferme à la surface terrestre, il pénètre tous les bassins, l’hydrosphère y compris, on l’observe à chaque pas dans la troposphère ; il s’infiltre sous forme de parasites dans l’intérieur même des matières vivantes. Il se produit sans intervalle, sans ralentissement, d’une façon immuable et infaillible pendant des myriades d’années, accomplissant pendant tout ce temps un énorme travail géochimique, et présentant une forme de la pénétration de l’énergie du rayon solaire dans notre planète et de la distribution de cette énergie à la surface terrestre.

Il accomplit ainsi non seulement le travail du transport des corps matériels, mais celui de la transmission de l’énergie. De ce fait, le transport des corps matériels par la multiplication devient un processus sui generis.

Ce n’est pas un déplacement mécanique ordinaire des corps à la surface terrestre, corps indépendants, non reliés au milieu dans lequel ils se meuvent. Ce milieu suscite par sa résistance un frottement analogue à celui provoqué par le mouvement des corps provenant de