Page:Vernadsky - La Biosphère, 1929.djvu/46

Cette page a été validée par deux contributeurs.


23. — L’étude de la morphologie et de l’écologie des organismes verts a démontré de longue date que l’organisme vert tout entier, par ses associations comme par son mouvement, était en premier lieu adapté à l’exécution de sa fonction cosmique — l’accaparement du rayon solaire et sa transformation. D’autre part, un naturaliste distingué qui a creusé ce problème, le botaniste autrichien J. Wiesner, a depuis longtemps remarqué que la lumière, plus encore que la chaleur, exerçait une action puissante sur la forme des plantes vertes : « On dirait que la lumière pétrit leurs formes comme une matière plastique ».

Une généralisation empirique de première importance surgit ici à deux points de vue divers et opposés, entre lesquels il est actuellement impossible de choisir. D’une part on cherche à expliquer le phénomène par des causes intérieures, propres à l’organisme vivant autonome, qui s’adapte de façon à accaparer toute l’énergie lumineuse du rayon solaire, d’autre part, cette explication est cherchée en dehors de l’organisme, dans le rayon solaire, qui, en éclairant l’organisme vert, l’élabore tel une masse inerte.

Il serait probablement juste de chercher la solution du problème dans les deux phénomènes ; l’avenir en décidera. Pour le moment on doit surtout tenir compte de l’observation empirique elle-même, qui offre une bien plus grande importance que les représentations ci-dessus.

L’observation empirique nous démontre l’existence d’un lien indissoluble entre le rayonnement lumineux du Soleil qui éclaire la biosphère et le monde des êtres verts organisés vivants qui habitent celle-ci. Il existe toujours des conditions assurant au rayon lumineux la rencontre sur son chemin de la plante verte, ce transformateur de l’énergie apportée par lui.