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de matière des profondeurs terrestres, émanations gazeuses, sources thermales ou éruptions volcaniques. Mais ces matières nouvellement apportées auraient plus ou moins vite revêtu les formes stables des systèmes moléculaires propres aux conditions de l’écorce terrestre dénuée de vie, et ne subiraient désormais plus de changements.

Bien que le nombre des points servant d’issue à la matière qui jaillit des profondeurs de l’écorce terrestre puisse être évalué à des milliers, dispersés sur toute la surface de la planète, ils se perdent dans son immensité ; se répétant de temps en temps ces processus, comme par exemple les éruptions volcaniques, demeurent quand même imperceptibles dans l’infinité des temps terrestres.

Lors de la disparition de la vie, seuls des changements lents insensibles, ayant trait à la tectonique terrestre se développeraient à la surface terrestre. Ces changements se manifesteraient, non dans le cycle de nos années et de nos siècles, mais dans celui des années et des siècles géologiques. Ils ne deviendraient perceptibles, comme les changements radioactifs des systèmes atomiques, que dans le cycle des temps cosmiques.

Les forces incessamment actives de la biosphère, chaleur du Soleil et activité chimique de l’eau, changeraient à peine le tableau du phénomène, car, avec l’extinction de la vie l’oxygène libre disparaîtrait aussi et la masse de l’acide carbonique diminuerait extrêmement. Les principaux agents de l’altération superficielle devraient ainsi disparaître, agents, qui, à l’heure actuelle sont sans cesse absorbés par la matière brute de la biosphère et reconstitués en même quantité par la matière vivante. Dans les conditions thermodynamiques de la biosphère, l’eau est un agent chimique puissant, mais cette eau « naturelle », l’eau