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sophiques et religieuses lors de la création des cosmogonies scientifiques contemporaines.


19.La matière vivante dans la biosphère. — La biosphère est la région unique de l’écorce terrestre occupée par la vie. Ce n’est que dans la biosphère, mince couche extérieure de notre planète, que la vie est concentrée ; tous les organismes s’y trouvent et y sont toujours séparés de la matière brute ambiante par une limite nette et infranchissable. Jamais organisme vivant n’a été engendré par de la matière brute. Lors de sa mort, de sa vie et de sa destruction, l’organisme restitue à la biosphère ses atomes et les lui reprend incessamment, mais la matière vivante pénétrée de vie puise toujours sa genèse au sein de la vie elle-même.

La vie englobe une partie considérable des atomes qui forment la matière de la surface terrestre. Sous son influence, ces atomes se trouvent en un mouvement perpétuel et intense. Des millions de composés de ces atomes les plus divers sont incessamment créés. Or, ce processus subsiste depuis des milliards d’années, depuis l’ère archéozoïque la plus ancienne jusqu’à nos jours, et demeure inaltérable dans ses traits essentiels.

Il n’est pas de force chimique sur la surface terrestre, plus immuable, et par là plus puissante en ses conséquences finales, que les organismes vivants pris dans leur totalité. À mesure qu’on étudie les phénomènes chimiques de la biosphère on se convainc de plus en plus qu’il n’existe pas de cas où ces phénomènes soient indépendants de la vie. Or, l’existence de ce fait peut être établie dans le cours de toute l’histoire géologique. Les couches archéozoïques les plus anciennes fournissent des indices indirects de l’existence de la vie ; les roches anciennes algonques (jatouliennes),