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l’influence de cet embrassement du Cosmos par des conceptions de la pensée humaine qui, d’une nature parfois étrangère à la science, n’en sont pas moins précieuses et profondes par leur essence. Une grande difficulté s’en est suivie de maintenir dans ce domaine de phénomènes les procédés d’investigation scientifique pratiqués dans les autres domaines.


13. — Les deux représentations dominantes de la vie, vitaliste et matérialiste, sont aussi les reflets d’idées philosophiques et religieuses de ce genre et non de déductions tirées de faits scientifiques. Ces deux représentations entravent l’étude des phénomènes vitaux, et troublent les généralisations empiriques.

Les représentations vitalistes donnent aux phénomènes vitaux des explications étrangères au monde des modèles sous la forme desquels nous élevons par généralisation scientifique l’édifice du Cosmos. Le caractère de ces représentations enlève leur portée créatrice dans le domaine scientifique, et les rend infructueuses. Les représentations matérialistes qui ne saisissent dans les organismes vivants qu’un simple jeu des forces physico-chimiques, ne sont pas moins funestes. Elles restreignent le domaine de la recherche scientifique en empiétant sur son résultat final ; en y introduisant la divination, elles obscurcissent la compréhension scientifique. En cas de divination heureuse, l’élaboration scientifique se serait vite débarrassée de tous les obstacles. Mais la divination était liée trop étroitement à des constructions philosophiques abstraites, étrangères à la réalité qu’étudiait la science. Ces constructions amenaient à des représentations de la vie trop simpliste et détruisaient la notion de complexité des phénomènes. Cette divination n’a, jusqu’à présent pas avancé notre compréhension de la vie.