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après la mort de l’organisme, dans le champ thermodynamique de la biosphère, où ils forment une source d’énergie libre[1].


12.Généralisation empirique et hypothèse. — Il semble qu’une telle compréhension des phénomènes énergétiques de la vie, en tant qu’ils se manifestent dans les processus géochimiques, donne une expression à peu près juste des faits observés. Mais on ne saurait l’affirmer en raison de l’état particulier de nos connaissances dans le domaine des sciences biologiques par comparaison avec celui des sciences relatives à la matière brute.

Nous savons qu’on a dû également renoncer, dans ces dernières sciences, aux anciennes idées de la biosphère et de la composition de l’écorce terrestre, considérées comme justes, pendant de longues générations ; on a dû rejeter les explications de nature purement géologique, longtemps dominantes (§ 6).

Ce qu’on avait tenu pour logiquement et scientifiquement nécessaire était en fin de compte une illusion, et le phénomène est apparu sous un aspect inattendu pour tous.

Dans le domaine de l’étude de la vie, la situation est encore plus difficile, car il est douteux qu’il existe un autre domaine des sciences naturelles où les principes fondamentaux mêmes, fussent autant pénétrés de constructions philosophiques et religieuses, étrangères à la science par leur genèse même. Les recherches et les acquisitions de la philosophie et de la religion se font sentir à chaque pas dans nos idées sur l’organisme vivant. Tous les jugements des naturalistes les plus exacts ont au cours des siècles, subi dans ce domaine,

  1. Le domaine des phénomènes dans l’intérieur de l’organisme (« le champ de la matière vivante ») se distingue aux points de vue thermodynamique et chimique du « champ » de la biosphère.