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La conscience et la pensée, malgré les efforts de générations de penseurs et de savants, ne peuvent être ramenées ni à l’énergie, ni à la matière quelle que soit la façon dont on définit ces bases de notre pensée scientifique.

Comment la conscience peut-elle agir sur une marche de processus qui semblent pouvoir être entièrement ramenés à la matière et à l’énergie ?

Cette question a été dernièrement posée par le mathématicien américain J. Lotka[1], précisément au sujet de phénomènes biogéochimiques. Il est douteux que sa réponse soit satisfaisante. Mais il a indiqué l’importance du problème et la possibilité de l’aborder.

Il est probable que nous ne pourrons résoudre ce problème qu’après avoir radicalement renouvelé nos notions physiques fondamentales, notions qui viennent subir et subissent encore des transformations avec une rapidité dont nous ne connaissions pas avant d’exemple dans l’histoire de la pensée. Les théories physiques devront inévitablement se préoccuper des phénomènes fondamentaux de la vie.

C’est dans ce sens que travaille actuellement la pensée. Il est impossible de ne pas tenir compte de ces nouvelles et profondes recherches. Parmi elles, les spéculations du mathématicien et penseur anglais, A. Whitehead[2], il est vrai, plus philosophiques que scientifiques méritent d’être analysées. Il est très possible qu’un autre penseur anglais J. Haldane[3] ait raison en prévoyant dans un avenir prochain une transformation radicale de la physique et de ses principes, en raison de l’introduction dans sa sphère de l’étude des phénomènes de la vie.

  1. J. Lotka, Elements of physical biology, Balt., 1925.
  2. A. Whitehead, Science and modern world, Cambr., 1926.
  3. J. Haldane, Daedalus, L., 1926.