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et soumis à des lois fixes. L’évolution elle-même constitue une partie de ce mécanisme.

Le naturaliste doit exclure de sa conception de l’univers toutes les notions philosophiques ou religieuses qui ont pénétré du dehors dans la science. L’admission dans les problèmes de l’évolution de l’indépendance de l’organisme par rapport à son milieu et d’une opposition entre ces deux facteurs serait une erreur de ce genre.

De ce point de vue, il existe vraisemblablement un lien intime entre l’accord de l’évolution et le principe qui la régit et il ne s’agit sans doute pas ici d’un simple concours de circonstances.

12.

Sans se préoccuper des causes de l’évolution, en indiquant seulement la nécessité pour celle-ci d’une direction déterminée, l’étude des phénomènes biogéochimiques circonscrit ainsi le domaine des théories évolutionnistes admissibles dans la science.

Il semble que cette étude entr’ouvre devant nous un autre domaine encore de phénomènes d’activité scientifique, réservé jusqu’ici exclusivement à la spéculation philosophique ou religieuse.

La nouvelle forme de migration biogène, nouvelle du moins à cette échelle, a été provoquée, comme nous voyons, par l’intervention de la raison humaine.

Pourtant elle ne se distingue en rien des autres manifestations de la migration biogène, qui se rattachent à d’autres fonctions vitales.

On peut en même temps établir d’une façon précise que la pensée humaine change d’une façon brusque et radicale la marche des processus naturels, et modifie ce que nous appelons les lois de la nature.