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dû devenir plus intense, car la forêt, surtout la forêt d’arbres à feuilles persistantes des nouvelles époques géologiques, concentre la vie, tant végétale qu’animale, dans des proportions inconnues jusqu’alors. Si l’on compare de ce point de vue la forêt des cryptogames des époques primitives à nos forêts ou aux forêts tertiaires des phanérogames, la différence de l’intensité de la migration biogène nous paraîtra énorme.

À l’époque mésozoïque, un nouveau fait, l’apparition des oiseaux, a augmenté l’intensité de la migration biogène et la vie a encore accru son domaine. Ce n’est du reste qu’à l’époque mésozoïque et à l’époque tertiaire que les organismes volants ont atteint leur plein développement sous la forme d’oiseaux. Deux fonctions biogéochimiques très importantes se rattachent à ces deux nouvelles formes de la vie. On ne peut guère conclure à un rapport entre ces formes et les invertébrés volants qui remontent très loin dans le passé, jusqu’aux débuts de l’époque paléozoïque, bien que les invertébrés volants aient particulièrement rempli ces fonctions et les remplissent encore aujourd’hui. En tout cas, seule, la création des oiseaux a donné au mécanisme de la migration biogène l’impulsion qu’elle n’avait pas avant.

Dans le mécanisme de la biosphère, dans la migration biogène des atomes, les oiseaux, ainsi que les autres organismes volants, jouent un rôle immense pour ce qui est de l’échange de la matière entre la Terre ferme et l’eau, principalement entre le continent et l’Océan ! Le rôle des oiseaux s’oppose ici à celui des fleuves, mais, par la quantité des masses transportées, il s’en rapproche. Les migrations des oiseaux rendent ce rôle encore plus important en ce qui concerne la circulation biogène des atomes. L’apparition de ces espèces de vertébrés ailés a non seulement créé de nouvelles formes de migrations biogènes et a eu une