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Mendeleeff ; 2o leur complexité ; 3o le manque d’uniformité de leur distribution.

Ainsi, tout d’abord, les éléments chimiques qui correspondent aux nombres atomiques pairs, dominent nettement dans la matière de l’écorce terrestre (M. Oddo, 1914). Nous ne pouvons expliquer ce phénomène par des causes géologiques connues. En outre, il est de suite devenu clair que le même phénomène est exprimé plus nettement encore, pour les seuls corps cosmiques étrangers à la Terre accessibles à une étude scientifique immédiate, les météorites (M. Harkins, 1917).

Les deux autres ordres de faits sont peut-être plus obscurs encore. Les efforts accomplis pour les expliquer par des phénomènes géologiques (J. Thomson, 1921) sont en contradiction avec les faits établis. Nous ne pouvons comprendre l’immuable complexité des éléments chimiques terrestres, les relations déterminées et constantes qui existent en plus de la quantité des isotopes qui en font partie. L’étude des isotopes dans les éléments chimiques des météorites a démontré l’identité de leur mélange dans ces corps, corps absolument différents de ceux de la Terre par leur histoire et leur situation dans le Cosmos.

L’impossibilité d’expliquer la composition de l’écorce terrestre et de notre planète, composition soumise à des lois fixes, par des phénomènes géologiques, par les stades cosmiques de son histoire, ainsi qu’on l’avait cru jadis, devint évidente. Ces phénomènes n’expliquent ni la ressemblance de ces parties plus profondes avec la composition des météorites, ni la prédominance relative qu’on y observe d’éléments chimiques plus légers et de fer comparativement lourd en même temps. L’hypothèse que les éléments se distribueraient selon leur poids — les plus lourds étant plus près du centre, lors de la formation de la Terre à partir de la nébuleuse — ne correspond pas aux faits.