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Un autre trait caractéristique nous est fourni par les lois physiques qui y président.

La migration biogène n’est qu’un élément d’un autre processus de la biosphère encore plus puissant, autrement dit de la migration générale de ses éléments. Cette migration s’effectue partiellement sous l’influence de l’énergie solaire, de la force de la gravitation et de l’action des parties internes de l’écorce terrestre sur la biosphère.

Tous ces déplacements des éléments, quelle qu’en soit la cause, répondent à divers systèmes d’équilibres mécaniques déterminés ; en particulier, dans l’histoire de divers éléments chimiques, ils donnent naissance à des cycles géochimiques fermés, à des tourbillons d’atomes.

Ils peuvent tous être ramenés aux lois des équilibres hétérogènes et aux principes formulés par W. Gibbs.

Les processus cycliques auxquels participe la migration biogène sont entretenus par une force extérieure, dont l’afflux ininterrompu les renouvelle. Les forces de l’énergie solaire radiante et de l’énergie atomique jouent dans le renouvellement de ces processus un rôle prépondérant.

Ces équilibres, étudiés en dehors de cet afflux d’énergie extérieure, sont des systèmes mécaniques, qui arrivent nécessairement à un état stable. Leur énergie libre sera nulle ou voisine de zéro à la fin du processus, car tout le travail susceptible d’être accompli dans ce système le sera en fin de compte nécessairement. Dans des équilibres de cette espèce le travail atteint toujours un maximum, tandis que l’énergie à état libre tend vers un minimum.

La migration biogène est une des principales formes du travail dans ces systèmes d’équilibres naturels et évidemment elle doit tendre vers une manifestation maximale.