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rant biogène d’atomes, qui construit et maintient la matière vivante. En somme, c’est là la forme essentielle et principale de la migration biogène, dont l’importance numérique est déterminée par la masse de matière vivante existant à un moment donné sur notre planète. Mais ce n’est pas encore là toute la migration biogène.

Évidemment, l’effet de toute la migration biogène ne dépend pas directement de la masse de la matière vivante. Il ne dépend pas moins de la quantité des atomes que de l’intensité de leurs mouvements en relation étroite avec la vie. La migration biogène sera d’autant plus intense que les atomes circuleront plus vite ; cette migration peut être très diverse, bien que la quantité d’atomes englobés par la vie soit identique.

C’est là la seconde forme de migration biogène, en relation avec l’intensité du courant biogène des atomes.

Il en existe encore une troisième. Cette troisième forme commence à prendre à notre époque, époque psychozoïque, une importance extraordinaire dans l’histoire de notre planète. C’est la migration des atomes, suscitée également par les organismes, mais qui ne se rattache pas génétiquement et immédiatement à la pénétration ou au passage des atomes à travers leur corps. Cette migration biogène est provoquée par le développement de l’activité technique. Elle est par exemple déterminée par le travail des animaux fouilleurs, dont on relève les traces depuis les époques géologiques les plus anciennes, par le contre-coup de la vie sociale des animaux constructeurs, des termites, des fourmis, des castors. Mais cette forme de migration biogène des éléments chimiques a pris un développement extraordinaire depuis l’apparition de l’humanité civilisée, il y a une dizaine de mille ans. Des corps entièrement nouveaux ont été