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bilité de la formation de nouveaux groupements au sein des éléments chimiques, mais nullement celle d’une modification radicale de leur composition et de leur quantité. Ces nouveaux groupements n’ont pas de répercussion sur la constance et l’immutabilité des processus géologiques (géochimiques dans ce dernier cas).

C’est un fait nouveau d’une énorme importance pour la science et on est redevable de son introduction dans le domaine de la biologie à l’étude géochimique de la vie.

Tandis que l’aspect morphologique, géométrique, de la vie prise dans son ensemble subit de grands changements et se manifeste continuellement par l’évolution grandiose des formes vivantes depuis l’ère archéozoïque, la formule numérique, quantitative, de la vie, toujours prise dans son ensemble, demeure immuable dans ses proportions essentielles et, il semble bien aussi, dans ses fonctions essentielles.

Il est vrai que l’étude attentive des phénomènes de l’évolution dans le cas de la biologie révèle l’extrême irrégularité de sa marche. Il ne peut être question du changement constant de toutes les espèces, de toutes les formes de la vie. Au contraire, certaines espèces sont demeurées immuables pendant des centaines de millions d’années, comme par exemple les espèces des radiolaires de l’époque précambrienne qu’il est impossible de distinguer de celles d’aujourd’hui ; telles sont les espèces de la Lingula qui, depuis le cambrien jusqu’à nos jours, n’ont subi aucun changement : elles sont restées les mêmes au cours de centaines de millions d’années à travers les innombrables générations qui se sont succédé. On pourrait citer un grand nombre d’exemples analogues pour des périodes peut-être moins longues durant lesquelles, s’il y a eu des changements, ils ont été, en tout cas,