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Dans les processus biogéochimiques ce sont la matière et l’énergie qui sont au premier plan au lieu de la forme inhérente à l’espèce. L’espèce peut à ce point de vue être considérée comme une matière analogue aux autres matières de l’écorce terrestre, comme les eaux, les minéraux et les roches, qui, avec les organismes, sont l’objet des processus biogéochimiques.

Vue sous cet angle, l’espèce du biologue peut être envisagée comme une matière vivante homogène, caractérisée par la masse, la composition chimique élémentaire et l’énergie géochimique.

Habituellement les caractères des espèces sont exprimés par des chiffres qui renseignent sur le poids, sur la composition chimique et sur les vitesses de transmission de l’énergie géochimique, mais ne donnent qu’une idée très abstraite et très obscure de la réalité.

Il est possible de remplacer cette idée par une autre répondant plus nettement au caractère du processus naturel qui crée l’organisme. Dans ce domaine nous considérons, du point de vue de la chimie physique, les organismes comme des champs autonomes où sont réunis des atomes déterminés en quantité déterminée.

Cette quantité constitue précisément la propriété caractéristique de chaque organisme, de chaque espèce. Elle indique le nombre d’atomes que l’organisme d’une espèce donnée peut retenir en raison de la force qui lui est propre hors du champ de la biosphère et retirer ainsi du milieu ambiant. Le volume de l’organisme et le nombre d’atomes qu’il comporte, exprimés numériquement, donnent la formule la plus abstraite et en même temps la plus réelle de l’espèce dans la mesure où celle-ci se reflète dans les processus géologiques de la planète. On obtient cette formule en mesurant les dimensions de l’organisme, son poids, sa composition chimique. Ce nombre d’atomes et le volume de l’organisme ainsi déterminés sont indubitablement des