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quittant la biosphère, passent dans d’autres composés organiques du carbone. Le carbone se dégage sous forme libre de graphite lors de leur transformation finale dans les régions métamorphiques.

La cause de la formation de corps carbono-azoteux solides, dans les bassins aqueux (saumâtres ou doux) n’est pas claire ; mais il en a toujours été ainsi à travers les temps géologiques. Il n’existe pas d’amas tant soit peu considérables de ces corps dans l’eau de mer et il ne s’en forme jamais dans la chimie de l’Océan. Est-ce là un effet du caractère chimique du milieu ou de la structure de la nature vivante, on ne saurait le dire, mais dans l’un comme dans l’autre cas, ce phénomène est certainement en relation avec le caractère de la vie.

Les amas de ces matières organiques offrent des foyers puissants d’énergie potentielle, « des rayons de soleil fossiles » selon l’expression imagée de R. Mayer, dont l’importance dans l’histoire de l’homme est énorme, et n’est pas indifférente non plus à l’économie de la Nature. On peut se faire une idée de l’échelle des manifestations de ce processus en évaluant les réserves connues de houille.

Il semble presque certain que c’est dans ces mêmes concentrations d’eau douce ou saumâtre de la Terre ferme qu’il faut chercher les sources principales de la formation des grands amas d’hydrocarbures liquides, des pétroles.

Il est possible que, parallèlement à ce qui est observé pour les couches de charbons de terre, ces bassins soient souvent voisins des mers. La formation des pétroles n’est pas un processus de surface : c’est un phénomène de décomposition de débris d’organismes qui paraît biochimique, et a lieu à l’abri de l’oxygène libre, près des limites inférieures de la biosphère. Il prend fin dans les régions phréatiques. L’origine vitale