Page:Vernadsky - La Biosphère, 1929.djvu/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pauvres en vie, déserts, glaciers, neiges perpétuelles, et cimes neigeuses, ne forment guère que 10 pour 100 de sa surface. Le reste est intégralement une pellicule vivante.


151. — L’épaisseur de cette pellicule n’est pas considérable ; elle ne dépasse pas quelques dizaines de mètres au-dessus de la surface terrestre dans les espaces recouverts de forêts continues : dans les champs et les steppes elle n’atteint pas plus de quelques mètres.

Les forêts des pays équinoxiaux dont la hauteur des arbres est la plus élevée, forment des pellicules vitales, dont l’épaisseur moyenne est de 40 à 50 mètres. Les arbres les plus hauts qui vont jusqu’à 100 mètres et davantage, se perdent dans l’ensemble des plantations et peuvent être négligés dans leur effet sommaire.

La vie ne s’abaisse pas dans les profondeurs des sols et des sous-sols au-dessous de quelques mètres ; la vie aérobie ne dépasse pas de 1 à 5 mètres en moyenne, la vie anaérobie de quelques dizaines de mètres.

La pellicule vitale recouvre ainsi la surface des continents d’une couche dont l’épaisseur s’élève à plusieurs dizaines de mètres (populations forestières) et s’abaisse à quelques mètres (populations herbacées).

L’activité de l’humanité civilisée a introduit des changements dans la structure de cette pellicule n’existant nulle part ailleurs dans l’hydrosphère.

Ces changements constituent dans l’histoire géologique de la planète un phénomène nouveau dont l’effet géochimique n’a pas encore été évalué. Une des manifestations principales de ce phénomène est, au cours de l’histoire humaine, la destruction systématique des forêts, c’est-à-dire des parties les plus puissantes de la pellicule.