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Au cours de l’étude des anciens dépôts géologiques, rien n’indique nulle part qu’il s’y soit produit quelque changement dans la structure de l’hydrosphère ou dans ses manifestations chimiques.

Or, au point de vue morphologique, le monde vivant est devenu méconnaissable au cours de ces temps. Son évolution n’a évidemment eu d’influence sensible ni sur la quantité de la matière vivante, ni sur sa composition chimique moyenne : l’évolution morphologique a dû s’effectuer dans des cadres déterminés, n’entravant pas les manifestations de la vie dans le tableau chimique de la planète.

Cependant l’évolution morphologique était indubitablement liée à des processus complexes, de caractère chimique, à des changements chimiques, qui, considérés à l’échelle individuelle et même à celle de l’espèce, devaient être importants. Des composés chimiques nouveaux étaient créés, des composés anciens disparaissaient avec l’extinction des espèces, mais tout cela n’avait pas de répercussion sensible sur l’effet géochimique sommaire de la vie, ni sur sa manifestation planétaire. Le phénomène biochimique même d’une portée énorme, la création du squelette des métazoaires, riche en calcium, en phosphore, parfois en magnésium a passé inaperçu dans l’histoire géochimique de ces éléments. Et cependant il est très probable qu’à une époque antérieure, à l’ère paléozoïque, les organismes ont été privés d’un tel squelette : cette hypothèse, souvent considérée comme généralisation empirique, explique en effet beaucoup de traits importants dans l’histoire paléontologique du monde organique.

Ce phénomène n’ayant pas eu de répercussion sur l’histoire géochimique du phosphore, du calcium, du magnésium, il convient d’admettre qu’antérieurement à la création des métazoaires pourvus de sque-