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tables riches en énergie chimique libre. Il est néanmoins impossible d’évaluer actuellement la portée géochimique de ce phénomène. D’autre part, la particularité caractéristique des pellicules vitales du fond est que les débris pourris d’organismes morts, tombant des pellicules planctoniques, sargassiques et littorales, se déposent sans cesse. Ces débris d’organismes sont pénétrés de bactéries, principalement anaérobes ; ils renforcent encore le caractère chimique réducteur du milieu des pellicules vitales du fond.


142. — Les concentrations vitales du fond jouent, en rapport avec le caractère de leur matière vivante, un rôle tout à fait particulier dans la biosphère, rôle très important dans la création de sa matière brute. Car les produits essentiels de leurs processus biochimiques sont, dans les conditions anaérobes, en l’absence d’oxygène libre, non des gaz mais des corps solides ou des corps colloïdaux qui, au cours du temps, se transforment en grande partie en corps solides. Ces régions réunissent toutes les conditions favorables à leur conservation, car les organismes après leur mort, ainsi que leurs restes, échappent vite aux conditions biochimiques habituelles de décomposition et de putréfaction, conditions des processus s’effectuant dans un milieu contenant de l’oxygène libre et transformant une grande partie de leur matière en produits gazeux ; ils ne se consument pas. Non seulement la vie aérobe, mais aussi anaérobe s’éteint dans la boue marine à une petite profondeur. À mesure que les restes vitaux et les particules de matière brute en suspension tombent d’en haut, les couches inférieures de la boue marine deviennent inanimées et les corps chimiques formés par la vie n’ont pas le temps de se transformer en produits gazeux ou d’entrer dans de nouvelles matières vivantes. La couche vitale de boue ne dépasse