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être considérée comme le domaine de la matière seule ; c’est une région d’énergie, une source de la transformation de la planète par des forces cosmiques extérieures.

Ces forces transforment la face de la Terre ; dans une large mesure elles la moulent. Cette face n’est pas seulement le reflet de notre planète, la manifestation de sa matière et de son énergie : elle est en même temps une création des forces extérieures du Cosmos.

En raison de ce fait, l’histoire de la biosphère, se distingue nettement de celle des autres parties de la planète et son rôle dans le mécanisme de celle-ci est absolument exceptionnel.

La biosphère est tout autant (sinon davantage) la création du Soleil que la manifestation de processus terrestres. Les intuitions religieuses antiques de l’humanité qui considéraient les créatures terrestres, en particulier les hommes, comme des enfants du soleil étaient bien plus proches de la vérité que ne le pensent ceux qui voient seulement dans les êtres terrestres la création éphémère, le jeu aveugle et accidentel de la modification de la matière et des forces terrestres.

Les créatures terrestres sont le fruit d’un processus cosmique long et compliqué, et forment une partie nécessaire, soumise à des lois déterminées, d’un mécanisme cosmique harmonieux dans lequel, nous le savons, il n’existe pas de hasard.


4. — C’est la conclusion à laquelle nous amènent aussi nos représentations de la matière, dont la biosphère est construite, représentations qui, ces dernières années, se modifient profondément. En les prenant pour base nous sommes obligés d’y voir la manifestation du mécanisme cosmique.

Ce n’est nullement là une conséquence du fait,