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vital de courte durée, par exemple d’un an, est imperceptible, car la quantité des éléments qui dans cet intervalle de temps quittent le cycle vital est insignifiante. Ce dégagement ne peut devenir perceptible qu’après de longs espaces de temps non pas historiques mais géologiques. Ainsi se créent dans l’écorce terrestre des masses de matière brute solide qui dépassent plusieurs fois le poids de la matière vivante existant au moment donné sur la planète.

À ce point de vue, la pellicule vitale planctonique se distingue beaucoup des concentrations littorales vitales[1]. Leur cycle vital dégage de bien plus grandes quantités d’éléments chimiques que le sien, et ces concentrations laissent dès lors de plus grandes traces dans la structure de l’écorce terrestre.

C’est dans les couches inférieures des concentrations littorales que ces phénomènes sont surtout observés près de la pellicule du fond et dans les parties contiguës à la terre ferme. Ce dernier cas est caractérisé par le dégagement des composés organiques solides du carbone et de l’azote et par l’évaporation de l’hydrogène sulfureux gazeux, lié à l’échappement du soufre de la région étudiée de l’écorce terrestre. C’est par cette voie biochimique que les sulfates s’échappent des lacs et des lagunes salées se formant sur les bords des bassins marins.


141. — Il n’existe pas de limite marquée pour les concentrations littorales entre les réactions chimiques du fond et de la surface de la mer, limite si nette en plein Océan où ces deux pellicules vitales, chimiquement actives, sont séparées l’une de l’autre par une

  1. Les phénomènes ayant lieu dans les concentrations sargassiques ne sont pas exactement connus.