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Cette mince pellicule, par ses dimensions et son volume, ressemble à la pellicule planctonique, mais la dépasse sensiblement par son poids.

Elle se distribue en deux parties : l’une, la pellicule supérieure, la pélogène[1], se trouve dans la région de l’oxygène libre ; une riche vie animale se développe à sa surface ou les Métazoaires jouent un rôle important ; on y observe des rapports très compliqués entre les organismes de ce biocénose benthonique, qu’on ne fait que commencer à étudier au point de vue quantitatif.

Cette faune atteint par endroit un développement énorme. Comme nous l’avons déjà indiqué, il se forme ainsi, pour les Métazoaires du benthos des concentrations de matière vivante, d’un ordre identique par hectare, à celui des agglomérations des métaphytes végétales de la Terre ferme lors de leur meilleur rendement (§ 58).

Ces boues riches en vie et le benthos qui s’y rattache forment indubitablement de grandes concentrations vitales des matières vivantes jusqu’à la profondeur de 5 kilomètres et peut-être davantage.

Le nombre d’individus des animaux marins du benthos diminue sensiblement à partir de 4 à 6 kilomètres, et, dans les plus grandes fosses à partir de 7 kilomètres, les animaux macroscopiques semblent disparaître.

Au-dessous du benthos du fond se trouve la couche de boue du fond, formant la partie inférieure de la pellicule du fond. Les protistes y prédominent en quantité immense, le rôle dominant est joué par les bactéries avec leur énorme énergie géochimique. Sa mince partie supérieure seule, d’une épaisseur de quelques centimètres, le pélogène, contient de l’oxygène libre ;

  1. Nous employons ce terme, adopté par les limnologues russes, qui a été proposé par M. M. Solovjev.