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à peu dans ces profondeurs. Par suite, ces régions de la planète privées de lumière, sont peuplées d’organismes spécifiques, plus jeunes au point de vue géologique, et ce processus n’a pas encore touché son terme.

Il se produit là un phénomène analogue à celui de la limite supérieure de la biosphère. Au cours des temps géologiques, la vie descend lentement, mais inéluctablement, à une plus grande profondeur, se rapprochant de sa limite inférieure. Elle en est pourtant plus éloignée que de sa limite supérieure.

Les organismes verts qui ont besoin de Soleil pour se développer ne peuvent évidemment quitter les bornes de la surface planétaire, éclairée par le Soleil.

Les organismes hétérotrophes et les bactéries autotrophes peuvent seuls descendre plus bas. La vie ne pénètre pas de même façon dans les profondeurs de la terre ferme et dans celles des océans.

La vie animale — très dispersée — pénètre plus profondément dans les océans ; cette pénétration dépend du relief du fond. Cependant on a pu constater sa présence à plus de 6 kilomètres de profondeur : un oursin — Hyphalaster parfait — y a été trouvé à la profondeur de 6 035 mètres.

Les formes aquatiques abyssales peuvent pénétrer dans les plus grandes fosses océaniques, mais on n’a jusqu’ici pas trouvé d’organismes vivants à une profondeur dépassant 6 km. 500[1].

Toute l’épaisseur de l’eau est pénétrée de bactéries en dispersion, trouvées à une profondeur de plus de 5 km. 500 et qui se concentrent dans la vase marine. Leur présence dans la boue marine des fosses les plus profondes n’est pas absolument prouvée.

  1. Les profondeurs océaniques atteignent presque 10 kilomètres. On a dernièrement découvert une profondeur de 9 km. 950, près des Îles de Kouriles. Antérieurement la plus grande profondeur connue était de 9 km. 790 près des îles Philippines.