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tude à se défendre contre les conditions pernicieuses du milieu, est immense, et les limites de cette adaptation sont non seulement inconnues, mais s’élargissent au cours des temps planétaires, temps de l’existence des générations ininterrompues des êtres organisés provenant les uns des autres.

En établissant ces limites sur la base de l’adaptation de la vie actuellement observée, on s’engage nécessairement dans le domaine d’extrapolations, toujours hasardeux et incertain. En particulier, l’homme doué d’entendement et sachant diriger sa volonté, peut atteindre de façon directe ou indirecte des régions inaccessibles à tous les autres organismes vivants.

Étant donné l’unité indissoluble de tous les êtres, vivants qui saute aux yeux, lorsqu’on embrasse la vie comme un phénomène planétaire, cette capacité de l’Homo sapiens ne peut être envisagée comme un phénomène accidentel. Il s’ensuit de là que la question de l’immutabilité des limites vitales dans la biosphère demande à être traitée avec prudence.


113. — Un tel caractère des confins vitaux, basé sur la présence ou l’existence stable d’organismes sous leurs formes et leur amplitude contemporaine d’adaptation, démontre nettement le caractère de la biosphère en qualité d’enveloppe terrestre, car les conditions qui rendent la vie impossible se manifestent simultanément sur toute la planète. Il suffit par suite de déterminer les limites supérieures et inférieures seules du champ vital. La limite supérieure est déterminée par l’énergie rayonnante, dont la présence exclut la vie. La limite inférieure est posée par des températures si hautes que la vie y devient nécessairement impossible. Dans les limites ainsi établies, la vie englobe, mais non entièrement, une enveloppe thermodynamique, trois enveloppes chimiques et trois