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vestigation le changement précis de l’ionisation qui s’y produit. C’est un moyen excellent pour l’étude du changement du milieu principal, de la concentration de la vie.

L’eau de mer contient à peu près 10−9 pour 100 d’ions H+, elle est légèrement alcaline, et cette petite prédominance d’ions OH− négatifs sur les ions H+ positifs se maintient généralement de façon continue et se rétablit constamment malgré les nombreux processus chimiques qui s’effectuent dans la mer (ionisation Hp = 8).

Cette ionisation est très favorable à la vie des organismes marins ; les plus légères oscillations ont toujours une répercussion sur la nature vivante, positive ou négative selon les organismes.

Il est devenu clair que la vie ne peut exister que dans certaines limites d’ionisation, entre 10−6 pour 100 H+ et 10−10 pour 100 H+ (c’est-à-dire Hp = 5-10). Au-delà de ces limites, elle n’y est plus possible.


110. — L’état de la matière du milieu a une importance extrême pour la manifestation vitale.

La vie semble pouvoir se conserver sous forme latente dans le milieu de tous les états de la matière : liquide, solide, gazeux ainsi que dans le vide complet. Les expériences démontrent du moins que les semences peuvent se conserver un certain temps sans échange gazeux — c’est-à-dire dans toutes les phases de la matière — dans les limites du champ thermique vital. Mais l’organisme vivant, lors du plein développement de ses fonctions, est nécessairement lié dans son existence à la possibilité d’un échange gazeux (la respiration) et à la stabilité des systèmes colloïdaux, formant son corps.

C’est pourquoi les organismes ne peuvent exister que dans un milieu où cet échange peut se produire,