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En même temps, diverses formes de vie peuvent impunément exister dans les milieux chimiques les plus divers, dans les limites du champ d’existence vital thermodynamique. Le Bacillus boracicolla, qui habite les sources boriques chaudes de la Toscane, peut vivre dans une solution saturée d’acide borique ; il supporte aisément la solution d’acide sulfurique de 10 pour 100 à une température ambiante habituelle (M. Bargagli Petrucci, 1914). On connaît beaucoup d’organismes, principalement les mucorinées, vivant dans de fortes solutions de différents sels, meurtrières pour d’autres organismes. Certains de ces organismes vivent en solution saturée de vitriol, de nitrate, de niobate de potassium. Le Bacillus boracicolla cité plus haut résiste aux solutions 0,3 pour 100 de sublimé, tandis que d’autres bactéries et infusoires supportent même les solutions qui en sont saturées (M. Besredka, 1925) ; les levures vivent en solution d’hydrofluorure de sodium. Les larves de certaines mouches ne périssent pas en solution de formaline de 10 pour 100. Il y a des bactéries qui se multiplient dans une atmosphère d’oxygène libre (Mme V. Henri, 1914).

Ces phénomènes sont relativement peu étudiés, mais l’adaptation des formes vitales y paraît illimitée.

Toutefois, il ne s’agit là que des organismes hétérotrophes. Le développement des organismes verts exige la présence de l’oxygène libre (ne fût-ce, qu’en solution aqueuse). Les solutions salines saturées rendent déjà impossibles le développement de ces formes de la vie.


109. — Bien que certaines formes vitales puissent exister à l’état latent, sans périr en milieu privé d’eau, absolument sec, l’eau à l’état fluide et gazeux est une condition nécessaire de la croissance et de la multiplication des organismes, de leur manifestation dans la biosphère.