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En fin de compte, la matière vivante verte, qui détermine sur la Terre le domaine de l’existence de la vie, est en relation avec la lumière solaire.

Dans tout notre exposé ultérieur, nous dégagerons cette partie capitale de la matière vivante, pour y rapporter toutes les autres manifestations vitales.


103.Les limites de la vie. — Le champ de la stabilité de la vie dépasse les limites de la biosphère ; les variables indépendantes qui le déterminent : température, composition chimique, etc., vont bien au delà de ses limites caractéristiques.

Le champ de la stabilité de la vie détermine la région où la vie peut atteindre son plein épanouissement. Ce champ ne semble ni rigoureusement déterminé ni immuable.

La caractéristique de la matière vivante est sa mutabilité, son adaptabilité aux conditions extérieures de l’existence. Grâce à quoi, les organismes vivants peuvent au cours de quelques générations s’adapter à vivre dans des conditions qui leur eussent jadis été funestes.

On est actuellement hors d’état de déterminer ces possibilités fût-ce au moyen d’une expérimentation intense : on ne dispose pas sur l’échelle géologique du temps nécessaire à la manifestation de cette adaptation. La matière vivante, l’ensemble des organismes vivants, n’est pas une matière inerte : c’est un équilibre mobile, exerçant une pression sur le milieu ambiant, pression reliée au temps, mais de manière inconnue.

Un tel champ de stabilité de la vie, lié à l’adaptation des organismes, est en outre hétérogène. Il se divise nettement en deux champs : le champ de gravitation pour les organismes plus volumineux, et le champ de forces moléculaires qui est habité par de petits organismes, au-dessous de 10−4 centimètres de dimensions,