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Il doit nécessairement exister des rapports quantitatifs déterminés, bien qu’inconnus, entre la quantité de matière englobée dans la biosphère par les organismes autotrophes verts et celle des bactéries autotrophes.


100. — On a souvent émis l’opinion que ces curieux organismes, très particuliers, étaient les représentants des plus anciens organismes d’une origine antérieure à celle des plantes vertes. Un des plus éminents naturalistes et penseurs de nos temps, l’américain F. Osborn (1918) a encore dernièrement énoncé ces idées.

L’observation de leur rôle dans la biosphère dément cette opinion. Le lien étroit qui rattache l’existence de ces organismes à la présence de l’oxygène libre, indique leur dépendance des organismes verts, de l’énergie solaire radiante, dépendance qui dans une aussi forte mesure, existe pour les animaux et les plantes sans chlorophylle qui se nourrissent de matières élaborées par les plantes vertes. Car dans la nature, dans la biosphère, tout l’oxygène libre, aliment de ces corps, est un produit des plantes vertes.

Le caractère de leurs fonctions dans l’économie générale de la nature vivante indique aussi leur importance dérivée par comparaison avec celle des plantes vertes. Leur importance est énorme dans l’histoire biogéochimique du soufre et de l’azote, ces deux éléments indispensables à la construction de la matière essentielle du protoplasme, les molécules albumineuses. Cependant si l’activité de ces organismes autotrophes venait à s’arrêter, la vie serait peut-être quantitativement réduite, mais elle demeurerait un mécanisme puissant de la biosphère, car les mêmes composés vadoses, nitrates, sulfates et les formes gazeuses de l’azote et du soufre, l’ammoniaque et l’hydrogène sulfureux, se créent en elle en grande quantité indépendamment de la vie.