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est précisément le milieu où de telles structures moléculaires sont stables.


99.Les bactéries autotrophes se trouvent en état de disette continue. Il en résulte de nombreuses adaptations à la vie. Ainsi, on observe partout, dans les vases aqueuses, les sources minérales, l’eau de mer, les sols humides, de curieux équilibres secondaires entre les bactéries qui réduisent les sulfates et les organismes autotrophes qui les oxydent. Les premières établissent les conditions d’existence des seconds.

La répétition innombrable et constante de ces équilibres secondaires indique que ce phénomène fait partie d’un mécanisme régulier. La matière vivante a élaboré ces structures en vue de l’immense pression vitale des bactéries autotrophes (§ 29), qui ne trouvent pas en quantité suffisante dans la biosphère de composés tout prêts, pauvres en oxygène, nécessaires à leur vie. La matière vivante les crée en pareil cas elle-même dans le milieu brut, où ils font défaut.

Des équilibres identiques entre les bactéries autotrophes, qui oxydent l’azote et les organismes hétérotrophes, qui désoxydent les nitrates, sont observés dans l’Océan. C’est un des équilibres merveilleux de la chimie de l’hydrosphère.

L’ubiquité de ces organismes démontre leur immense énergie géochimique, et la grande vitesse de leur transmission vitale ; tandis que leur absence en amas un peu considérables tient au manque de composés pauvres en oxygène dans la biosphère, dans le milieu du dégagement continuel de l’excédent de l’oxygène libre par les plantes vertes. Si ces organismes n’englobent pas des masses considérables de matière vivante, ce n’est que par impossibilité physique, par suite du manque dans la biosphère de composes nécessaires à leur vie.